Je me souviens.

  • Exposition
    "Je me souviens. "
    du samedi 19 octobre 2024 au samedi 21 décembre 2024
    Galerie XII Los Angeles

    un cadrage, aussi parfait soit-il, a très rarement été capable de montrer la sensation que l’on éprouve devant l’extraordinaire richesse d’un paysage né du chaos.
    Notre vision et notre volonté de ramener la nature dans un rectangle me paraissaient parfois dérisoires, binaires, j’ai dû essayer de rendre compte de cette richesse, de cette complexité, de cet ajout de choses qui crée un tout. Comment?

    La poésie se cache souvent dans l’imperfection, je devais essayer de la rencontrer.
    Mon projet de recherche photographique "Amor Fati/ E6-135" vise à introduire le hasard dans l’action photographique, à jouer avec les notions d’espace et de temps en les faisant se mélanger, s’inverser ou même se heurter comme deux atomes qui téléscopent.

    La notion de cadrage photographique est ici complètement brisée, ce processus offrant des possibilités jamais exploitées auparavant.
    Une photo finale avec des espaces de temps différents, à partir de plusieurs photos, qui donne ce sentiment d’être à la frontière entre la photo et le film.

    Fréderic Nietzsche a déclaré :
    « Ce n’est pas le doute qui vous rend fou, c’est la certitude »

    Cette théorie, si inspirante pour moi, m’a fait penser que si je voulais réussir mon projet, il fallait introduire une dose de chance, l’incertitude dans la façon dont je travaille et que j’ai mis en place un protocole qui m’empêcherait absolument de tout contrôler pour que mes photos portent ce doute en elles.

    Ce projet est aussi largement basé sur la mémoire, notion fondamentale pour moi en photographie.
    Comment évoquer l’émotion d’un souvenir lointain et diffus, comment transcrire les "trous" dans la mémoire d’un moment.





    Je peux essayer de photographier le souvenir que j’ai d’un lieu et d’un moment avec la présence magique du chaos et de l’imprécision, comme le mémoire peut parfois être.

    Le protocole de prise de vue que j’ai imaginé me force à construire une image mentale où je décide du champ de mon plan (libre et infini car je n’ai plus de contrainte d’image), je répète mes séquences de plans vides puis je photographie.

    Ce qui se passe entre deux photos devient fondamental, les quelques secondes entre deux prises de vue décalent le mouvement de la scène, Le hasard et l’imprécision viennent y glisser et la photo finale peut regrouper plusieurs espaces temporels car il peut y avoir plusieurs secondes d’écart entre deux photos successives de chaque bande...

    Ce projet fait donc appel aux deux hémisphères, le cerveau droit pour la technique et la concentration très particulière qu’elle exige et le cerveau gauche pour la recherche de l’émotion, en l’absence de laquelle une photo n’a aucun intérêt.

    Pour réaliser ce projet et après de nombreux tests, j’ai donc fabriqué un système de caméra qui me permet de couvrir une plus grande surface du film, de photographier aussi entre les encoches d’entraînement de mon film et d’ajouter ici aussi des imprévisibles.

    C’est aussi, bien sûr, un hommage au film 24x36 comme "personnage" présent dans mes photos.

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