Charlotte Mano
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Œuvres
Mythologies (2022-2024)
Ce qui se dévoile dans Mythologies est un état d’extase, un retour à soi, un appel au calme.
Comme toujours chez Charlotte Mano, on perçoit une sorte de silence, une grâce mélancolique. Ces nouveaux travaux semblent être des images-refuges permettant à Charlotte de matérialiser l’indicible qui la dépasse mais aussi plus largement d’offrir
à chacun la possibilité d’interroger ce qui fait le destin personnel et celui du monde.
Fétiche (2024)
Les Fétiches, dernières productions de Charlotte Mano, sont comme des amulettes, de petits objets précieux dans lesquels elle se met en scène, dans une ode perpétuelle à la nature. Chaque gravure est unique, et par la délicatesse avec laquelle elle les fabrique dans son atelier, Charlotte Mano leur confère bien volontiers des vertus de protection et de chance pour celui qui les possèderait.
Comme toujours dans son univers, le mot image se mélange à celui de magie et son travail se déploie comme une expérimentation hypersensible du médium photographique. Tel un marabout, Charlotte Mano transporte le regardeur dans un univers intime, silencieux et fantasmagorique, tout droit sorti du jardin de l’enfance.
Muses ou peinture mais en fait non
La nuit, dans le bruit des pixels, les corps existent toujours mais leur manifestation semble altérée, incertaine, à la limite de la perte. En allant à l’encontre de la définition même de la photographie « écrire avec la lumière », Charlotte Mano expérimente une nouvelle forme de vision et invite son spectateur au lâcher prise d’une interprétation littérale de sa photographie. Celui-ci se voit contraint d’abandonner une stérile signification référentielle et est obligé d’accepter que le noir complet soit le catalyseur d’une nouvelle approche imaginaire voire poétique. Les matières s’entremêlent et se répondent si bien que l’on se perd dans celle du corps, celle de la nuit, celle de l’image.
Ainsi nous rentrons dans un rapport sensuel à l’image : la contrainte de la visibilité oblige à « déchiffrer » l’autre, à le « voir », dans sa présence fragile. Ces pixels qui deviennent l’ADN visible de l’image, sèment le trouble chez le regardeur: Peinture ? Pointillisme ? Image 3.0 ?
Pourtant, l’artiste n’entend pas vouloir nous duper. En modifiant les capacités techniques de son appareil numérique, Charlotte a pu capturer l’essence même de l’image, la « substantifique moelle « (Rabelais) et jouer des codes de la peinture et de son imaginaire. Visages masqués, ornementations, portraits flamands, la dimension spéculative d’une image est une question centrale dans son travail. Aussi, l’expérience de prise de vue originale et son tirage UV sur aluminium brossé finit d’axer le langage de l’artiste dans l’exploration photographique, tant d’un point de vue formel que conceptuel.
« Vers la source de l’imaginaire, la source bouillonnante, inconsciente, où les images naissent et meurent, où rien ne se perd, rien ne s’oublie, rien n’est jamais au passé. » Régis Durand
Portraire
Dans sa série appelée Portraire, Charlotte Mano questionne l’image et son pouvoir de représentation. Images bleutées, corps vaporeux, les sujets semblent figés, comme si l’image, les frappait, en douceur, d’une irrémédiable sensation d’artificialité et de picturalité.
Cette réflexion sur l'image comme voile, elle ne cesse de l'expérimenter dans l'espace réel, mais aussi en studio : Appliqué à la représentation du visage, ce regard se révèle pertinent - voire troublant : l'image prend des allures de peinture dans sa forme et en tant qu'oeuvre finale. Dans cette série, Charlotte Mano est au carrefour de plusieurs influences : art, mode, peinture, elle abat les frontières en douceur grâce à un regard contemporain sur la figure, la figure de mode. Elle dépose sur ses modèles une matière indécise : Personnages ? Mannequins ? Fantômes ?
Sa photographie devient alors médium de déréalisation : l’image n’est pas dépositaire d’une quelconque vérité. Ces visages semblent chercher le calme, le retour en soi, la solitude, le rêve et le fantasme.
Linceul
Une tentative de faire survivre symboliquement les lieux de son enfance en faisant voler un drap dans des paysages qui finissent par disparaître.
Thank you Mum
En 1996, le neurobiologiste italien Giacomo Rizzolatti et ses collaborateurs ont annoncé la découverte des neurones miroirs. L’analyse de leurs fonctions a révélé qu’ils sont impliqués dans les conduites d’imitation et d’émulation, rendant le cerveau capable d’adopter le point de vue de quelqu’un d’autre, nous permettant de socialiser et d’apprendre tout ce que l’environnement nous montre. Ces responsables de l’empathie humaine sont particulièrement actifs durant l’enfance. C’est ainsi qu’un bébé se met à pleurer lorsqu’il en voit un autre pleurer.
L’usage allégorique des neurones miroirs pour l’analyse de certains aspects qui composent l’ADN de la photographie ouvre un espace symbolique qui, d’après moi, permet d’expliquer l’irrésistible pouvoir d’empathie de certaines photographies. Les images collaborent au processus de compréhension du monde et activent notre synchronie avec la subjectivité des autres à travers les échos de nos propres émotions et expériences. Elles contribuent à mettre une distance éthique entre le sujet et sa propre vie. Ce qui nous permet de passer spontanément du moi au nous sans la médiation du jugement.Un grand nombre d’images créées par Charlotte Mano pour sa série Thank you Mum proviennent de cet espace amniotique qui précède la création. De fait, le dessin qu’enfant elle a réalisé de sa mère est une illustration poignante et éclatante de ce qui n’est pas visible, de ce qui ne l’est pas encore. C’est pourquoi, peut-être, les images de cette série ne s’insèrent pas dans un récit linéaire. Elles sont créées et agencées à la manière qu’ont les poètes de placer les mots dans leurs poèmes, ignorant l’ordre de la syntaxe afin d’aider les mots à s’émanciper de leurs référents et de leurs significations, à acquérir de multiples potentialités sémantiques et expressives. La douleur de la perte et l’angoisse face à l’irréversible – épicentres émotionnels de ce travail – cohabitent dans cet univers entropique que traversent aussi les retrouvailles et l’amour le plus primaire, celui qui nous unit à qui nous a donné la vie. Il est impossible de déployer ces photographies, ces éclairs émotionnels, dans un ordre chronologique. Pas plus que les souvenirs n’émergent en suivant une ligne temporelle. Charlotte Mano illustre avec une ambiguïté délibérée ces espaces d’indétermination qui situent le présent dans un champ d’intemporalité et font de la mémoire une temporalité pluridimensionnelle : un écho du passé qui résonne sans cesse avec le présent.
Ses images sont riches d’échos, de réverbérations et de rituels dont la morphologie s’ouvre au transvisible , un concept qui représente le passage interstitiel entre l’invisible et le visible, entre ce que nous connaissons et ce que nous ne connaissons pas, entre ce que nous désirons et ce que nous craignons. Un territoire, profondément éloigné du verbal, que nous partageons tous, soit parce que notre expérience émotionnelle l’a parcouru péniblement, soit parce qu’elle est passé à proximité, scrutant l’obscurité insondable de la douleur. Mais on en sort. Et on revient à la vie. Bien que dans l’intervalle il soit nécessaire de prendre congé et de remercier. C’est l’efficacité des rituels, en particulier ceux que nous pratiquons de manière intuitive. Ils nous permettent d’effectuer des actions intelligentes sans en passer par l’intelligence rationnelle. C’est ainsi que Charlotte Mano s’y est pris, rejoignant toutes ces femmes qui nous ont appris à abandonner la pudeur et à laisser s’écouler l’essence des sentiments. Le jugement épidermique que par la suite nous porterons sur les aspects esthétiques de son travail n’a aucune importance. Ce qui est réellement important, c’est la profonde honnêteté du processus.
Texte de Alejandro Castellote
Nocturnes
"Il y a plusieurs manières d’aborder cette série. L’une des lectures possibles s’intéresserait aux artefacts mis en place pour la réaliser et qui se veulent ressembler à une sorte de science, archaïque ou moderne : celle de la capture, avec un appareil étrange et pourquoi pas perfectionné, il s’agit de surprendre ces humains nyctalopes, spécimen jamais rencontré jusqu’alors. Ainsi j’invite mon « regardeur » à un récit de l’attente dont nous supposerons ici que la figure centrale a plus à voir avec l’éclaireur qu’avec le chasseur. Imaginer un récit et s’intéresser à la dimension spéculative d’une image est une question centrale de mon travail, les personnages deviennent au-delà de leur présence propre, les indices d’une histoire sous-jacente : fable, science-fiction."
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Biographie
Biographie
France , 1990 -
Charlotte Mano est née en 1990 dans le sud-ouest de la France, elle vit et travaille actuellement à Paris. Après un double cursus de Lettres Modernes et de Communication culturelle, Charlotte intègre l’école des Gobelins en section Photographie où elle sort diplômée en 2017. Son travail photographique, s’il se déploie en apparence autour de plusieurs thématiques (le corps, l’espace, l’obscurité), ne cesse de questionner l’image : son pouvoir de représentation et de transparence, mais aussi ses propres limites. Elle remporte plusieurs prix et son travail est exposé dans de nombreux festivals et institutions de renom en France comme à l’international. Le Château d’Eau de Toulouse lui consacre son premier solo show en 2018. Toutes ses expériences lui ont permis de se placer comme une artiste de premier plan sur la jeune scène photographique française. En 2020, elle reçoit le prix HSBC pour la Photographie grâce à sa série Thank you Mum. Elle partage aujourd’hui son temps entre recherches et enseignement. .
Expositions personnelles
- 2022 : Duo Show Jeune Création, Romainville, France - 2021 : Thank You Mum, Rencontres d'Arles (prix HSBC) - 2021 : Thank You Mum, Cité musicale de Metz, sept-nov. - 2021 : Solo Show, Art22, Bruxelles - 2020 : Athens Photography Festival, Grèce -2018 : «Thank you mum», Le Château d’Eau, Toulouse / Parallel european photo basedplatform: «Thank you mum» ORGANVIDA Festival Zagreb, Croatie / Parallel photo platform Editions COSMOS, Rencontres d’Arles, Arles / Festival of young european photography, Circulation(s) 104, Paris
Expositions Collectives (sélection)
-2018 : Galerie Bertrand Grimont, Paris / Collective show, Athens photo festival, Athènes/ «Derby QUAD» FORMAT Festival / «La Bourse du Talent», Maison de la photographie deLille
-2017 : «Les Grandes Rencontres», talk and performance about «unveil an image», Salonde la photo, Paris / «Les Rencontres Photographiques du 10ème», Mairie du 10ème, Paris/ «Les Rencontres d’Arles» Atelier Gaston de Luppé, Arles / Projection «National identity»,Festival les Boutographies «HATSH young talents», Espace commines, Paris /Festival «LesPhotographiques», Le Mans
- 2016 : «Kampala Art Biennale», Ouganda 2016 / «Handicap en milieu professionnel»,Hôtel Potocki, Paris / Festival «Les Rencontres d’Arles» par la galerie Le Club des AD6/«Promenades photographiques de Vendôme» / «Atout France», Russie, France, Japon /«Anne Valérie Hash», musée de la dentelle de Calais
- 2014 : «Galerie le Lac gelé», Nîmes / «Animalités», espace Boris Vian, Montpellier / «Carré d’art», musée d’art contemporain de Nîmes
Prix
Finaliste «PRIX BMW», 2018 / «La Bourse du Talent», Prix spécial du Jury, BnF, Paris/ Mention spéciale du jury «BOURSE DU TALENT» 2017
Publications /Parutions
Libération, France Culture, Ouest-France, Marie-Claire, Zine Mag, Open doors gallery, La Maison WERTN, Yogurt Magazine, iGNANT, Francefineart, L’image par l’image, Emerige... -
Expositions
Expositions et Foires
2023 | Moderne Art Fair 2023 | Paris, avenue des Champs-Elysées. Stand 229
2023 | PHOTO LONDON 2023 | Somerset House - South Building, Strand, London WC2R 1LA
2022 | Moderne Art Fair 2022 | Place de l'Etoile - 10, Avenue de la Grande Armée, Paris 75017
2022 | Photo Basel 2022 | Volkshaus Basel, Rebgasse 12, CH - 4058 Basel, Switzerland
2022 | Thank You Mum | Galerie XII Paris
2022 | Ravissements, 2022 | Galerie XII Paris
2021 | MIA Fair 2021 | Via Moncucco 35, 20124 Milano
2020 | Art Paris Art Fair | Grand Palais, Paris - Stand D13
2020 | 3 femmes. 3 Générations. 3 regards | Galerie XII Paris
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Presse
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Bibliographie