Nicolas Baghir, Images-mémoires
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Exposition
"Nicolas Baghir, Images-mémoires"
du jeudi 30 janvier 2025 au samedi 1 mars 2025
Galerie XII Paris
Du 30 janvier au 1er mars 2025, Galerie XII est heureuse de présenter le travail photographique de l'artiste Nicolas Baghir, à travers son exposition "Images-mémoires".
"Paysages calcinés, formes émergentes, figures reflétées, troublées, presque noyées :
chez Nicolas Baghir, la réalité semble s’absenter dans l’image pour mieux faire
apparaître ce qui la hante : spectres, destruction, esprits. Une brume tenace, une
lumière rasante ou un reflet tremblant saisissent un mouvement de luciole :
apparition – disparition, apparition - disparition. L’artiste se situe délibérément loin du
réalisme auquel on réduit souvent la photographie. Il en fait un art de l’illusion pour
mieux rejoindre des écarts, une étrangeté, des fissures : en entrant dans ces
interstices entre deux mondes, on accède autrement au réel, à sa blessure, à sa
beauté.
Nicolas Baghir invente des techniques pour transformer la matière, des dispositifs
optiques pour démultiplier les chambres, pour augmenter les possibilités de l’oeil,
agrandir la rétine. Certains phénomènes visuels sont spectaculaires, d’autres ténus,
presque secrets. Mais toujours ils mettent la photographie en excès, la font déborder
du côté de la peinture, de l’abstraction, de la couleur pure, du théâtre d’ombres. Ils
émettent des signes, une pensée antérieure à l’image.
Le point commun entre les Perturbations numériques (PN # et PNC #) et les
Passeports (PP #) c’est que Baghir y place quelque chose – un modèle, un paysage,
une image – dans la glace. Pour les Perturbations, une photo est prise dans un bloc
de glace, puis grattée, creusée jusqu’à faire apparaître une image en train de fondre,
mais qu’il faut alors fixer par une seconde photographie, à l’instant même où elle
pourrait disparaître ou perdre sa forme. Pour les Passeports, une vitre en plexiglas
est apposée sur une peinture – une toile sans cesse recyclée et repeinte – et le
sujet vient y incruster son reflet. L’oeil photographique crée l’image à partir des effets
les plus troubles, ou les plus troublants, de la composition. Le sujet n’est jamais
frontal même lorsqu’il paraît nous regarder ; il est toujours de côté ou derrière, ce qui
supprime l’effet de « male gaze » tout en inscrivant le surgissement d’un être de
passage, dont on ne sait pas toujours à quelle époque ou à quel monde il appartient.
Les images-mémoires ainsi produites ne sont pas des images-miroirs. Elles disent
quelque chose de la vitrification du souvenir, qui revient transformé par le temps qui
passe, parfois sur le point de fondre, et que l’on voit passer en mouvement dans la
composition. L’image-mémoire est une image-temps : elle fixe un passage où le sujet
s’absente sans mourir pour autant."
Tiphaine Samoyault -
Presse